Félix-François Le Royer de la Sauvagère, antiquaire

 Le 18 avril 1746, dans la chapelle du manoir du Petit-Chouzé, paroisse de Savigny-en-Véron, le prieur-curé de Rivarennes recevait l'échange des consentements du capitaine-ingénieur Félix-François Le Royer de la Sauvagère, et d'Anne- Catherine-Charlotte Audiger, fille du seigneur des Places, Louis Audiger, officier de la grande fauconnerie du Roi ; il n'y avait pas encore en effet à cette date de chapelle au château des Places : M Audiger la fit construire l'année suivante et elle fut bénite le 4 décembre 1747.

 Le Mercure de France de novembre 1749, annonçant la mort de M. son père, survenue le 5 septembre, nous renseigne du même coup sur la famille. Décédé à l'âge de 75 ans en son manoir d'Artezé près à Huismes, François Le Royer de la Sauvagère avait servi dans l'armée comme officier du génie, puis il fut "ingénieur en chef des Fortifications d'Anjou" . De son mariage avec Marie-Gertrude de Fougerolles, il laissa trois fils, tous trois officiers.

 Félix-François qui allait sur ses 42 ans à la mort de son père, était l'aîné ; à cette date, il portait les titres de capitaine réformé au Régiment de Champagne et d'Ingénieur en chef de la ville et citadelle de Port-Louis, de Concarneau et de la côte du sud de Bretagne ; comme son père, il avait bifurqué vers le génie, plus en conformité avec ses capacités et ses goûts.

 Le manoir des Places devint désormais le rendez-vous de la famille et c'est là que Le Royer se retira quand il prit sa retraite(probablement dès 1763).

 En cette agréable solitude, M. de la Sauvagère, parvenu au grade de colonel-directeur, put se livrer tout entier à l’ objet de sa passion : l'étude des antiquités. Le premier fruit de son labeur parut en 1770 (Recueil d'Antiquités dans les Gaules); c'était le résultat de ses observations sur les vestiges romains de la Touraine les mines antiques de Saintes, les restes anciens qu'il avait pu examiner près de Vannes et les deux caisses de momies conservées parmi les curiosités du château d'Ussé ; il offrit son chef-d'œuvre à Benoît XIV et à Voltaire.

 La Sauvagère était le premier à proposer des origines de Tours une histoire critique ; il ne s'en montrait pas peu fier ; Moyennant quoi, notre Antiquaire fit paraître en 1776 un petit volume complémentaire, renfermant un certain nombre de descriptions et démonstrations nouvelles sur les antiquités romaines de l'Anjou et de la Touraine ; il en profita pour attirer l'attention sur le phénomène des faluns, proposant sa propre explication qui est aussi ingénieuse que boiteuse.

 Il ne devait pas s'arrêter en si bon chemin : deux ouvrages considérables étaient en préparation au moment où il trépassa : une Histoire de Chinon en trois volumes de sept cents pages chacun, et une Histoire de la Touraine des romains à Louis XIV, plus modeste : elle devait tenir en un seul volume in-quarto.

 La Sauvagère décéda en son château des Places, le 9 mars 1782, à l'âge d'environ 75 ans ; il fut enterré le lendemain dans le cimetière de Savigny. " M. Félix-François Le Royer de la Sauvagère, chevalier, seigneur des Places-Sauvagère, les Huilliers, Puyrigault et autres lieux, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis ; ancien chef de brigade, ancien directeur en chef dans le corps aujourd'hui royal du génie ", n'a pas eu, semble-t-il, la joie de former des disciples, pas même son fils Louis, premier lieutenant au régiment d'Aunis-Infanterie en garnison à Metz, qui s'était marié à Champigny-sur-Veude le 30 juin 1779 ; mais il avait lié durant sa vie de bonnes amitiés dans le monde des Antiquaires.

accueil