Les églises du château seules n'ont pas
laissé de traces, il y avait Saint-Macaire et
Saint-Mélaine dans le château du Milieu, églises
ou chapelles reliées au Grand logis, et Saint-Georges
dans le fort avancé. Henri II les avait bâties-
elles furent renversées plus tard, par mesure
de prudence, dit-on, pour que des étrangers ne
pussent, sous un prétexte de dévotion,
chercher à pénétrer dans l'enceinte.
La chapelle Saint-Georges vécut plus que les autres
et ne fut démolie qu'au siècle dernier.
LE GRAND-LOGIS
OU FUT REÇUE JEANNE D'ARC.
A partir du moment où la victoire de Philippe-Auguste
l'a arraché aux léopards d'Angleterre et
réuni au domaine des fleurs de lys, le château
de Chinon, forteresse royale et souvent demeure des rois,
va tenir une place brillante dans l'histoire. Il subira
encore bien des assauts, il verra, au commencement de
la guerre de Cent ans, les Anglais venir regarder d'en
bas ses grosses tours bien armées, essayer de
les reprendre et s'en aller en brûlant les faubourgs
de la ville. Mais quand, au nord comme au sud, dans les
provinces parcourues par les bandes ennemies, tant de
places, et des plus grosses et des plus fortes, tomberont,
la fortune des guerres lui restera favorable, sauf pour
un instant en 1413. Celte année, les Bourguignons,
pendant les guerres civiles, enlevèrent la place
par surprise, mais ils ne furent pas longtemps à en être
chassés par le sire Raoul de Gaucourt, venu les
attaquer au nom du roi avec des gens de guerre levés à ses
frais, lequel brave chevalier obtint pour ses peines
et pour loyer de ses avances le gouvernement de la ville
reconquise.
Aux jours terribles où toute espérance
semble envolée, Chinon est une de ces rares places
restées au malheureux roi de Bourges, Charles
VII, isolées, perdues comme des îlots dans
la France anglaise, entourées d'ennemis, battues
par les vagues de l'invasion, voyant perpétuellement
tourner autour d'elles, en guettant les occasions, les
gens d'armes d'Angleterre et les bandes de routiers brûleurs
et pillards. Malgré les désastres du parti
français, malgré la faiblesse de Charles,
dauphin ou roi, malgré tout, la bannière
royale continuera à flotter sur les tours de Philippe-Auguste,
et c'est là que Jeanne d'Arc viendra un jour la
prendre pour la mener aux assauts des bastilles anglaises
d'Orléans, et pour la porter victorieusement jusqu'à Reims.
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